1er chapitre "Bon et Bio : mais c'est quoi la Bio ?"

1er chapitre

BIO et BON…

… mais c’est quoi la Bio… ?

Didier PERREOL

et Ronald MARY

Ed. Terre d’Hommes

 

Bon-et-Bio.gif

http://www.terredhommes.fr/

 

Retrouvez Didier Perréol sur Internet :

http://www.euro-nat.com/

 

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Présentation de l’auteur :

 

On dit des ardéchois qu’ils sont d’un cœur fidèle. Didier Perréol est de ceux-là.

Fidèle à l’agriculture, puisque fils d’agriculteur, et fidèle à sa terre d’Ardèche et à la Terre.

 

(...)

 1988 voit la création, en Ardèche, de la société Euro-Nat, qui a pour vocation la distribution de produits Bio d’épicerie sèche pour les magasins spécialisés...

2005 : mise en place d’une filière de coton Bio (Sté Biocoton), en lien direct avec des producteurs du Bénin et en Inde. Des créations locales à la fois économiques et à la forte implication marquée par une forme d’humanitaire responsable : prix corrects pour les producteurs, accompagnement technique pour répondre aux exigences des cahiers des charges de la Bio et du développement durable, accompagnement vers l’autonomie des acteurs locaux…

Nous parlons-là de partenariats économiques, pas de « charité business ».

(...)

. Vice Président depuis mars 2004 de SYNABIO (SYndicat NAtional des transformateurs de produits naturels et de culture Biologique)...

. fondateur, Président dès 2001, Vice président depuis 2007 de Bioconvergence  Rhône-Alpes...
. membre Fondateur, et Vice Président depuis 2002 de Bio Equitable, association réunissant deux aspects complémentaires, philosophique et économique : le commerce équitable qui prône le respect des valeurs humaines, sociales et économiques des producteurs, et l’agriculture biologique garante de l’environnement et d’une alimentation saine ; mise en place de filières Nord / Sud (sésame, cacao, quinoa, coton…)… puis, vint Bio Solidaire, créée en 2006, pour favoriser le développement de filières de production biologiques locales et durables (tournesol, tilleul, blé tendre…) ;

 

. Vice Président 2004-2006, Président de 2006 – 2008, puis de nouveau Vice Président à partir de 2009 de l'Agence BIO...

Au travers de son groupe d’entreprises et de ses différentes actions « sociétales » et politiques (et non politiciennes !), Didier Perréol poursuit son engagement Bio Ethique et Bio Ecologique par l’amélioration continue de sa démarche pour un développement durable, la réduction des emballages, le Bio Equitable, le Bio Solidaire, la mise en place dans ses entreprises de l’énergie propre (le kWh Equilibre avec EDF, l’éolien, l’aérothermie…), les espaces de travail écologiques, les systèmes de production à pollutions limitées, contrôlées, les recyclages privilégiés…

  

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Préface

 

La crise économique et financière sévère qui vient de s’abattre sur la planète appelle des révisions déchirantes. Est-il possible de la surmonter avec quelques coûteuses rustines évaluées en milliards de dollars en espérant que tout finira par redevenir comme avant ? Tel est bien hélas le rêve de bon nombre d’économistes et de politiques. Or précisément cette crise est la conséquence logique du développement d’une économie prédatrice et d’un système financier international gravement irresponsable. Nous n’en sortirons que si nous réussissons le changement de culture qui s’impose d’extrême urgence pour promouvoir une économie respectueuse de la planète et des générations futures, assises sur le concept de développement durable.

 

C’est exactement dans cette perspective que s’inscrit l’action menée avec persévérance depuis plus de trois décennies par Didier Perréol dans sa terre ardéchoise. Didier a misé sur l’agriculture biologique bien avant que celle-ci devienne un enjeu majeur dans l’avenir de l’agriculture mondiale. Il l’a fait non en tant que paysan mais en tant que chef d’entreprise viscéralement attaché aux valeurs portées par ce concept. L’ouvrage qu’il nous présente met en lumière la profonde cohérence des idées nouvelles émergentes comme l’agriculture biologique en effet, mais aussi le commerce équitable et le développement durable. Dans son entreprise, la priorité qu’il donne aux valeurs humaines sont à mes yeux exemplaires d’une approche à tous égards porteuse d’avenir, ne serait-ce que parce qu’elle est porteuse de sens et de valeurs fondatrices, ce qui fait aujourd’hui si souvent défaut dans un monde économique parfaitement déshumanisé.

 

Du Quinoa bolivia au coton du Bénin et à une filiale textile en Inde c’est dans tous les continents que rayonne l’action de Didier Perréol.

 

Ce livre est une somme très complète dans le sens où le Moyen-âge entendait ce mot c’est-à-dire un véritable traité de l’agriculture biologique, de ces approches, de ces pratiques et de ces valeurs. Comment s’étonner qu’ils nous viennent d’Ardèche, la terre de transition entre les influences méditerranéennes et l’Europe du centre et du nord, où rayonne aussi l’action d’un autre « grand » de l’agriculture biologique, notre ami commun, Pierre Rabbhi ? La publication de « Bio et bon » s’inscrit dans la perspective de la création de la fondation que Didier Perréol vient de lancer (voir en annexes du livre) pour donner plus d’envergure encore à ses idées et à ses projets au service de l’agriculture biologique.

 

Je souhaite à l’un et à l’autre le vif succès qu’ils méritent.

 

Jean-Marie PELT

Président de l’Institut Européen d’Ecologie

Professeur Honoraire de l’Université de Metz

 

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Sommaire

 

Présentation de l’auteur 

Préface : Jean-Marie PELT

Introduction

PREMIERE PARTIE

 

Ch. 1 Comment reconnaître un produit Bio

Ch. 2 Une Histoire passée, présente et à venir…

Ch. 3 Exemple concret d’un comportement Bio applicable par tous : les fruits et légumes de saison

DEUXIEME PARTIE

Les enjeux de l’agriculture Bio

L’enjeu politique de l’agriculture Bio

La réalité sociologique de la Bio

Les limites du marché Bio

Les OGM

La Santé

Les bases d’une alimentation saine et équilibrée, et d’une consommation quotidienne Bio

L’eau

 

 

La restauration

Pour ne pas conclure…

Pour en savoir plus…

 

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Introduction

Didier Perréol

Ma présence dans le domaine du Bio n’est en rien un hasard, et encore moins une « opportunité conjoncturelle ». Tout mon parcours témoigne de mon engagement, dès le début de ma vie de citoyen et de professionnel de l’agriculture. J’ai l’âme d’un découvreur, d’un entrepreneur. Très tôt je me suis senti animé du désir d’aller vers un projet de vie en phase avec l’éthique propre à mes racines d’ardéchois, d’agriculteur, d’être humain…

 

Il m’a toujours semblé que, plutôt que la compétition, il valait mieux partager nos valeurs, être sensible à la notion d’équité. C’est une des raisons pour lesquelles je me sens vraiment en phase avec la philosophie de l’agriculture Bio qui tend à préserver la qualité de l’environnement. J’essaie de décliner ces principes en privilégiant la qualité de vie, autant dans mon entreprise, avec mes collaborateurs, que dans ma vie personnelle. Car je crois profondément que, quoi que nous fassions, où que nous nous trouvions, le message reste le même : nous sommes tous co-responsables de la planète, et chacun doit la protéger à son échelle. Dans notre vie quotidienne, cela signifie notamment, moins de gaspillage et de pollution, et une consommation la plus responsable possible.

 

Le succès du Bio n’en est plus à un simple phénomène de mode ; il ne s’essoufflera pas dans les prochaines années. La prise de conscience « sociétale » augmente de jours en jours auprès des individus. Les solutions d’évolution existent. Le « Grenelle de l’environnement » et surtout ce que Nicolas Hulot, ont portés au centre du débat, oblige industriels et politiques à s’engager sur des discussions, puis des prises de décisions qui seront irréversibles. Par exemple, le grand public est aujourd’hui de mieux en mieux informé que nous ne pouvons plus continuer à dépendre d’une agriculture forcée et intensive, que nous sommes tous, individuellement, obligés de revoir notre qualité d’alimentation polluée par les pesticides, avec les conséquences que nous constatons sur la qualité de l’eau, de notre environnement, de notre santé. Il est aujourd’hui de notre responsabilité de citoyen et aussi d’adultes, envers nos enfants, de leur laisser une Terre en bon état et de les éduquer pour une qualité de comportements à son égard.

 

Dans cette démarche, manger et vivre Bio de plus en plus et de jour en jour, c’est retrouver, pour l’homme, des comportements éthiques et le goût des aliments de qualité garantissant des conditions de culture ; et pour l’animal, des procédés d’élevage non polluants et aussi respectueux que possible de son bien être, pour le plus grand bien des écosystèmes. Car consommer Bio, c’est soutenir une agriculture durable, moderne, dont les techniques de production préservent la fertilité de la terre (engrais verts, rotation des cultures…), respectent l’environnement et les animaux (espace vital, alimentation saine...). C’est aussi participer au maintient de structures agricoles vivantes dans le tissu rural, aider à la communication entre producteur et consommateur grâce à la claire information sur les conditions de production et de transformation, par la traçabilité et la transparence des garanties… afin d’infléchir le cours de notre époque en dérive vers un monde durable où la biodiversité peut enfin renaître de ses cendres avec moins de pesticides et de polluants.

 

Bien sûr, encore trop souvent les produits de la Bio sont plus chers : c’est le prix d’un retour à la qualité et à la fiabilité par une meilleure surveillance des produits, donc un accroissement de la main d’œuvre, et avec une moindre production puisque la plupart des fermes ou unités de productions se cantonnent dans une forme d’activité de niveau artisanal. De plus, le coût des contrôles est assuré à la fois par les producteurs et les transformateurs. Une des aberrations du système et qui surenchérit les coûts, c’est que nous devons payer les organismes qui viennent nous valider ; la Bio est un secteur de l’agriculture parmi les plus contrôlés, les plus tracés aujourd’hui.

 

Ce livre explique pourquoi et comment nous devons repenser la qualité de notre alimentation. Nous ne pouvons plus, par exemple, laisser perdurer le marché de la consommation de viande sur les coûts prohibitifs qu’elle génère. Nous allons chercher une très grande partie de la protéine animale dans des contrées lointaines, et il serait temps de se pencher sur le prix à l’arrivée, après les divers transports, pour une qualité alimentaire très moyenne génératrice de problèmes de santé. Quand on compare cela avec les productions de la Bio, celle-ci revient à un coût moins élevé, pour une meilleure alimentation bénéfique pour la santé humaine… et pour le trou de la sécu ! Or, la qualité nutritionnelle d’une alimentation c’est la vitalité d’une société : aujourd’hui, si nous n’insistons pas sur la sensibilisation à l’environnement et à la qualité de la nutrition, nous irons vers une plus grande dévitalisation de notre société.

*

Dans cette courte introduction, je désire surtout indiquer que je me sens la plus grande légitimité à affirmer que le Bio c’est Bon ! Je le vis au quotidien depuis des décennies, je le gère aujourd’hui sur le plan industriel, je m’y suis même impliqué à de hauts niveaux de responsabilité politiques (et pas politiciens !) lors des divers postes que j’ai occupé ou que j’occupe encore, dans des organismes syndicaux et de promotion de la Bio, tout comme au sein d’associations professionnelles.

 

Je n’ai qu’une ambition avec ce livre : proposer aux lecteurs de découvrir le monde de la Bio sous un jour nouveau, selon un point de vue pragmatique, et lui faire découvrir que ce secteur d’activité économique est au service de l’humain bien avant de penser à sa propre rentabilité. Ce qui, par les temps qui courent, n’est pas une mince qualité !

D.P.

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(...)
 

Chapitre 3

Exemple concret d’un comportement Bio applicable par tous :

les fruits et légumes de saison

 

Bon parce que Bio ! Et écologiques parce que de saison !

Telles sont les devises du consom’acteur éco-citoyen responsable.

De saines habitudes qui peuvent changer le monde…

 

Des tomates ou des fraises en plein hiver, c’est ce que nous propose aujourd’hui l’agriculture « moderne ». Certes, attrayantes, ces offres n’en restent pas moins totalement aberrantes, autant du point de vue écologique, que lorsque dame Nature est respectée au rythme de ses saisons. Car, bien évidemment, pour vendre des laitues en janvier ou des kiwis en mars, les grandes surfaces et autres magasins de maraîchage les ont importés de fort loin, ou se fournissent de productions assimilables à de la « contrefaçon », puisque obtenues généralement hors sols, à grands coups de lumière artificielle et de fertilisants… avec toutes les conséquences néfastes que l’on connaît aujourd’hui sur le taux d’émissions de gaz nocifs provoqués par les différents moyens de transports, ou sur le simple plan de la valeur nutritive largement altérée ; cela est vrai autant pour des produits récoltés en Europe, que ceux importés, cueillis bien trop tôt et qui finissent de mûrir lors de leurs voyages vers nos étals et marchés. Souvenons-nous que pour acheminer un légume ou un fruit jusque sur notre table, il est consommé entre dix et vingt fois plus d’énergie que pour le transport d’un produit cultivé dans la campagne environnante !

 

Et alors que nos magasins et marchés regorgent de produits venus du monde entier, que voyons-nous actuellement ?

 

D’une part, notre agriculture « conventionnelle » est obligée de « brader » sa production. En effet, pour s’aligner sur la concurrence des pays exportateurs, aux coûts de production plus faibles, nos agriculteurs sont, au mieux, sous « perfusion économique » et subventionnés par la Politique agricole commune (PAC) de l’Union Européenne, et au pire, en voie de paupérisation ; car, au regard de leurs propres coûts de production, ils sont de moins en moins en mesure de vendre leurs productions sur nos marchés. Des produits qui sont alors détruits ou, sublime contradiction politique de notre époque qui n’en est plus à un paradoxe près ( !)… envoyés vers les pays qui, justement, exportent leurs productions chez nous. 

D’autre part, les pays exportateurs, qui sont souvent des nations « en voie de développement », donc pauvres, se sont mise à des productions essentiellement tournées vers l’exportation pour les pays riches… négligeant alors leurs propres cultures vivrières. Au résultat, certains pays parmi les premiers exportateurs mondiaux sur des marchés agricoles ciblés (soja, maïs, agrumes…) doivent impérativement importer des denrées alimentaires d’Europe pour approvisionner leurs habitants, quand ce ne sont pas les pays riches qui envoient de la nourriture, via les ONG et les programmes officiels (ONU, FAO…) pour l’aide alimentaire d’urgence à leurs populations.

 

« Il faut que les paysans bénéficient du juste prix pour leurs produits, qu'on sorte de système de subventions, explique l'inusable et expert très écouté Professeur Jean-Marie Pelt ((Professeur émérite de Biologie végétale et de pharmacologie à l’Université de Metz, Président fondateur de l’Institut d’écologie – in quotidien « L'Alsace » 8 avril 2007). La PAC à la française rend notre position en Europe très difficile et déverse des quantités de produits sur le marché mondial à des prix très bas, ce qui ruine l'agriculture des pays pauvres. L'agriculture entre les mains des très grosses exploitations a un impact désastreux sur l'emploi, l'environnement, la santé et les pays du Sud. De vraies révolutions doivent être faites avec les paysans, pas contre eux (...) ».

 

Certes, cette courte démonstration est bien trop succincte.

Toutefois, elle n’en reste pas moins tout à fait réaliste sur la situation des échanges agricoles mondiaux qui posent aujourd’hui un réel problème de cohérence, tant du point de vue économique qu’écologique et surtout humain et éthique.

 

Les questions qui se posent alors à nous, en tant qu’individus et consommateurs, sont simples : est-ce que je désire continuer à participer à ce jeu de dupes ? Que puis-je faire, à mon échelle, pour ne plus m’inscrire dans cette logique économique où les bénéficiaires ne sont ni les producteurs, ni les consommateurs ? Et pourquoi ne pas m’intéresser à ce que l’on dit de… l’effet papillon ?

 

La théorie de l’effet papillon

Le météorologue américain Edward Lorenz (1917 – 2008) expliqua lors d’une conférence qu’à son avis, un battement d'aile de papillon à Paris peut provoquer quelques semaines plus tard un tsunami dans le Pacifique. Certes, c’est là une métaphore. Elle indique simplement que dans le monde de la météorologie, il n’est pas rare de constater que l’infime variation d'une donnée peut s'amplifier progressivement, jusqu'à provoquer des cascades de bouleversements qui se révèlent majeurs au bout d'un certain temps.

 

Appliquée aux sociétés humaines, cette notion suggère que des modifications de comportement à l’échelle de l’individu, insignifiants au départ, amènent inévitablement des changements considérables à grande échelle. Aujourd’hui, nombre de sociologues indiquent que, d’ores et déjà, on constate diverses évolutions sociales de plus en plus liées à quelques actions individuelles plutôt qu'à des phénomènes de masse ; souvenons-nous de l’Abbé Pierre ou de Coluche bien esseulés lors des prémisses de leurs combats, ou même de  Muhamad Yunus, prix Nobel de la paix 2006, qui démontra, d’abord en solitaire, aux économistes et banquiers du monde entier la validité et l’utilité économique du principe du microcrédit…

 

Ritournelle…

Si le battement d'ailes d'un papillon quelque part au Cambodge
Déclenche, sur un autre continent, le plus violent des orages
Le choix de quelques-uns dans un bureau occidental
Bouleverse des millions de destins, surtout si le bureau est ovale
Il n'y a que l'ours blanc qui s'étonne que sa banquise fonde
Ça ne surprend plus personne, de notre côté du monde
Quand le financier s'enrhume, ce sont les ouvriers qui toussent
C'est très loin la couche d'ozone mais c'est d'ici qu'on la perce
C'est l'effet papillon : petite cause, grande conséquence
Pourtant jolie comme expression, petite chose, dégât immense
Qu'on l'appelle « retour de flamme » ou « théorie des dominos »
« Un murmure devient vacarme » comme dit le proverbe à propos
(…) Avec les baleines on fabrique du rouge à lèvres, des crèmes pour filles
Quand on achète ces cosmétiques, c'est au harpon qu'on se maquille
(…) C'est l'effet papillon petite cause, grande conséquence
Pourtant jolie comme expression, petite chose, dégât immense
Le papillon s'envole, le papillon s'envole
Tout bat de l'aile (…)

Bénabar, album CD « Inféquentable » Ed. Jive/Sony oct.2008

 

Par chance, notre époque moderne a laissé émerger au moins deux conditions essentielles à l’émergence de résultats concrets liés à « l’effet papillon » :

. d’une part, l’information circule de plus en plus rapidement, avec une densité accrue entre les humains, qui permet la prise de conscience quand des événements auparavant isolés, sont aujourd’hui très rapidement reliés ;

. d’autre part, si comme le prophétisait André Malraux, le Troisième millénaire ne sera pas forcément « religieux », on voit bien qu’il sera très certainement « éthique » ou, à minima, « moral ». Nous vivons un période de redéfinition des normes et des valeurs dans des domaines aussi divers que le travail, l'économie, la vie en société, les rapports entre Etats, la place de l’être humain dans l’écologie globale de la Terre…

Dans ce type de situation, une infime modification apportée par chacun d’entre nous peut tout faire basculer.

 

En l’occurrence, « l’infime modification » peut très bien être notre nouvelle manière de consommer et de participer économiquement au monde que nous désirons voir naître : si chacun d’entre nous décide de prendre pour habitude alimentaire de consommer progressivement de plus en plus des fruits et légumes de saison Bio, la multiplication de ces nouveaux consommateurs pèsera un poids économique propre à « changer le monde », afin que cessent les habitudes néfastes pour l’environnement et le vivant de notre planète, car...

 

… nous sommes tous des papillons… … et aussi des colibris…

… Une légende amérindienne, rapportée par Pierre Rahbi (Ecologiste convaincu, expert international pour la sécurité et la salubrité alimentaires des populations et la lutte contre la désertification, écrivain, philosophe et conférencier ; in « La part du colibri : l’espèce humaine face à son devenir » Ed. de l’Aube 2006), raconte qu’un jour la forêt s’embrasa en un immense incendie. Tous, insectes et animaux, prirent peur et essayèrent de s’enfuir avec beaucoup de difficultés tant le feu était important. Seul, un petit colibri, ce petit oiseau qui ne pèse que quelques grammes, allait et venait à la source d’eau, avec quelques gouttes dans son bec, pour éteindre l’incendie. Tous les autres animaux de la forêt, effarés, se sentaient prisonniers et désemparés face à ce grand malheur. Incrédules, ils regardaient le colibri s’affairer.

Défaitiste et dubitatif, le tatou lui dit :

- Ce n’est pas avec ces quelques gouttes que tu vas arrêter le feu, colibri !

Le petit oiseau répondit :

- Je le sais, mais je fais ma part.

 

Ainsi, chacun de nous peut agir à sa mince échelle.

 

Pierre RHABI, un colibri parmi tant d’autres…

L'expression « terre mère » est souvent assimilée à une simple métaphore. Il y a erreur, car c'est à la glèbe vivante, la plus ignorée parmi les éléments vitaux, que chacune et chacun de nous doit la vie et celle de ses enfants de la façon la plus irrévocable. C'est à cause de cette ignorance que nous commettons chaque jour les pires exactions contre cet élément sans lequel ni végétaux ni animaux terrestres ni êtres humais ne peuvent advenir ni survivre. En un temps où les pénuries alimentaires et les famines menacent très sérieusement toute la planète, comprendre la terre, la cultiver avec amour et une science éclairée pour en obtenir une nourriture abondante, saine et revitalisante est une preuve d'intelligence. Car une terre morte des poisons et des mauvaises pratiques qui lui sont infligées aura pour conséquence la mort d'une humanité ignorante et aveugle. En me dévouant à cette cause avec l'agriculture écologique et biologique, j'ai le sentiment d'être en harmonie avec moi même, avec mes semblables et avec toute la nature.

Pierre Rabhi

Pour rejoindre le réseau des colibris :

Colibris, mouvement pour la Terre et l’Humanisme

1, carrefour de Longchamp
75116 Paris
Tel: 33 (0)1 42 15 50 17

Courriel : info@mvt-terre-humanisme.org

Secrétariat de Pierre Rabhi : agnes.florence@mvt-terre-humanisme.org

Site Internet :  http://www.colibris-lemouvement.org

 

Si nous sommes de nombreux colibris à poser des actes éco-citoyens, nous saurons éteindre l’incendie.

Et cela, nous rappelle Pierre Rhabi, n’est rien d’autre qu’adopter de nouveaux comportements :

- s'interroger sur les actes quotidiens et le sens de nos actes ;

- se positionner en cohérence au quotidien et agir en conscience à la mesure qui est la nôtre ;

- se sentir responsable de son destin et de son environnement ;

- faire un métier qui nous plaît et allie éthique et action ;

- retrouver du temps pour vivre et agir : gagner moins d’argent-stress pour moins de fatigue-passivité et pour reprendre le contrôle de sa vie ;

- prendre du temps avec ses proches et son environnement local pour développer des projets créant du lien et des échanges de services qui réduisent les coûts et répondent aux besoins de tous ;

- agir au sein de regroupements et d'associations grâce au pouvoir de la société civile

- être joyeux d'agir avec conscience et solidarité ;

- se sentir relié aux autres et à la nature dans la solidarité et la complémentarité ;

- porter les valeurs de la tolérance, de l’entraide, et de la coopération ;

- être pleinement présent à chaque instant que nous vivons ;

- responsabiliser notre existence avec honnêteté, sincérité et douceur ;

- incarner nos engagements et nos valeurs dans les actes simples et quotidiens…

 

Préserver l’environnement en achetant des produits de qualité

Pour préserver l’environnement, et même oeuvrer pour la nécessaire protection de la diversité Biologique, il est grand temps de retrouver la raison. Nous disposons des informations pour constater qu’acheter des fruits et légumes Bio de saison, cultivés par les maraîchers de la région, contribue à réduire l’émission de gaz carbonique dans l’atmosphère, et à économiser les ressources de la planète. Les grandes surfaces l’ont bien compris, elles qui proposent maintenant des produits estampillés « terroir », ou « production régionale », et qui indiquent la provenance de leurs produits.

 

Le consommateur a aujourd’hui le choix : le supermarché ou le maraîcher qui donnent les bonnes informations, mais aussi les réseaux Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), les « Jardin de Cocagne », ou d’autres associations très locales… qui ont créé des « partenariats solidaires » entre consommateurs et producteurs locaux.

 

Changer les habitudes alimentaires

Opter pour les fruits et légumes de saison, c’est aussi aller dans le sens des nutritionnistes qui nous conseillent si souvent de varier notre alimentation. A ce petit jeu, l’agriculture Bio emporte la victoire haut la main ; qu’on en juge : le FIBL (Institut de recherche de l’agriculture Biologique, basé à Frick (Suisse), et premier centre mondial d’information et de documentation sur l’agriculture biologique) indique que, en moyenne, les fruits Bio contiennent 550 fois moins de résidus de pesticides que les produits conventionnels, les légumes 700 fois moins ; quant à la teneur en nitrates des légumes Bio, elle est 10 à 40 % inférieure à celle des légumes conventionnels. (Source : http://www.fibl.org)

 

Revue de presse

« Manger des produits de proximité pour réduire les dépenses d'énergie, relancer des micro-terroirs et respecter les saisons, tel est le credo de ces nouveaux consommateurs (…) Le corpus théorique, lui, est issu des travaux du chercheur britannique Tim Lang, créateur du concept de food miles, soit la distance parcourue par nos aliments de la terre à la table. Aux Etats-Unis, en moyenne, celle-ci est de... 2 400 kilomètres ! Décider, tout simplement, de la réduire à 160 kilomètres a des conséquences en chaîne. Ecologiques, en premier lieu : on diminue drastiquement son empreinte carbone en n'achetant plus ni crevettes thaïes, ni mangues péruviennes importées par avion, ni tomates ayant traversé un continent d'un bout à l'autre en camion. A la place, on soutient des producteurs locaux, et on mange de saison, salades du matin et fruits cueillis à point. Outre que c'est meilleur, aux Etats-Unis, patrie de la junk food et contrée immense où l'on perd facilement toute notion de l'origine de ce qui atterrit dans votre assiette, l'enjeu santé est colossal.

En se rendant au Farmer's Market ou en s'inscrivant à une CSA (Community Supported Agriculture, l'équivalent de nos Amap), des milliers d'Américains reprennent le contrôle de leur alimentation, en court-circuitant les géants de l'agroalimentaire et de la distribution. D'ailleurs, même le géant Wal-Mart a dû ouvrir des corners local food. Des cafétérias et des restaurants s'appuient entièrement sur cette idée, comme Urban Rustic, à Manhattan, ou la cantine du siège de Google (rebaptisée « 150 Mile Café »), ou encore le très couru Farmer's Diner du Vermont, dont le menu affiche le portrait de tous les fermiers partenaires. Deux Canadiens de Vancouver, Alisa Smith et James MacKinnon, après avoir passé une année à se nourrir 100 % local, en ont tiré « The 100 Miles Diet » (Ed. Random House, Canada), devenu la bible du locavorisme. La romancière Barbara Kingsolver raconte une expérience similaire dans un autre best-seller, récemment traduit en français (« Un jardin dans les Appalaches », de Barbara Kingsolver (auteur), Camille Kingsolver et Steven L. Hopp, éd. Rivages) ».

(in « L’express style »,, Marie-Odile Briet, publié le 11/09/2008 – article complet sur :

http://www.lexpress.fr/styles/psycho/connaissez-vous-les-locavores_563018.html)

 

People

La bio a le souci de rester en harmonie avec la nature. C’est essentiel voire vital. Une alimentation non traitée, non « bricolée », sans artifice, loin de toute chimie et s’interdisant pesticides et traitements non naturels retrouve le goût originel des produits. Et ça, c’est un plaisir éternel. L’idéal pour moi, consommateur, serait, bien sûr, que le bio devienne la norme alimentaire.

Tom Novembre

(comédien, acteur tv et cinéma, musicien… bref, artiste complet ! Artiste Bio ?)

 


« Des pommes, des noix, mais pas de bananes. Les adeptes d'une alimentation 100% production locale débarquent en Ile-de-France. Romuald, Fanny et leurs trois enfants, installés dans leur maison tout en bois à Ivry-sur-Seine (94), boycottent le supermarché. Fi des intermédiaires qui essorent les producteurs, des pommes du Chili insipides, des tomates d'Espagne qui n'ont jamais vu la terre. Pour remplir le cabas familial, et nourrir sainement le petit Arthur, décision a été prise de réduire la distance producteur-consommateur en privilégiant les «circuits courts». Les fruits et légumes, c'est facile. Ils passent par l'Amap (Association pour le maintien de l'agriculture paysanne) du secteur, qui travaille avec un maraîcher installé à Provins (77). Pour la viande et les laitages, il a fallu étendre le champ d'exploration et prendre contact avec le Groupement d'agriculteurs Biologiques de la Manche, qui vient les livrer tous les vendredis midi. Manger local, ou presque, c'est donc possible. Et très en vogue. Mêlant considérations écologiques (le fameux bilan carbone), économiques (moins il y a d'intermédiaires, plus les coûts sont limités) et gustatives (qui dit proche dit frais), les « locavores » d'Ile-de-France marchent dans les pas de leurs cousins américains (www.locavores.com, site Internet en anglais) qui refusent d'ingurgiter des aliments ayant parcouru plus de 100 miles (environ 160 km) (…) ».

(in « Supplément Ile de France Nouvel Obs » 30 octobre 2008)

 

A chacun de trouver ou de retrouver de nouvelles habitudes en fonction des aliments disponibles à la juste période ; du point de vue du rythme des saisons, de notre propre horloge interne et de notre santé au quotidien, il est physiologiquement incohérent de continuer à consommer des produits hors saison, à la teneur nutritive largement déficiente. Et pour les irréductibles des fraises en plein hiver, l’agriculture Bio propose aussi des conserves, voire des surgelés, tout à fait indiqués pour ces petites envies anachroniques mais parfois irrésistibles.

 

Fruits et légumes « exotiques »

Pour que ce propos soit bien compris, il convient d’ajouter à ce chapitre quelques mots sur les fruits et légumes « exotiques » qu’il n’est, bien sûr, pas question d’éliminer de notre alimentation. Les bienfaits nutritifs d’une banane, le plaisir d’un ananas juteux ou d’une douce mangue ne sont surtout pas à rejeter… mais là aussi, restons vigilants. Les productions des Antilles ou les produits d’autres régions du monde peuvent – et doivent ! – continuer d’agrémenter nos tables. Toutefois, la bonne habitude serait aujourd’hui de privilégier les produits estampillés « commerce équitable » qui, en plus d’être généralement Bio et Bons, permettent aux producteurs de recevoir une juste rémunération pour leur travail.

En revanche, se pose le problème du transport, et donc du coût énergétique de leur acheminement. Nous devrions préférer les transport par bateau, moins gourmands en énergie, mais cette indication est rarement présente sur les étals. De plus, les fruits et légumes venus de lointaines contrées, qui ont été cueillis avant maturité pour ne pas se perdre durant le transport, nous arrivent encore un peu vert. La parade est assez simple : enveloppés quelques jours dans du papier journal pour les maintenir dans leur humidité, et à une température ambiante d’environ 20 à 25°, ils arriveront idéalement à maturité.

 

*

  

Puisse ces quelques lignes aider chacun d’entre nous à prendre conscience, et à enfin nous motiver collectivement, pour que s’affirme l’envie de donner du sens à notre rôle de consommateur et, comme le disait le Mahatma Gandhi, que « chacun de nous soit le changement qu’il souhaite voir dans le monde ».

 

(…)

*

 

Pour ne pas conclure ce livre, rappelons quelques truismes et vérités premières :

. notre Terre est limitée dans sa taille et dans sa capacité à « encaisser » les mauvais coups que l’espèce majoritaire de ses locataires lui infligent ;

. les matières premières, la biodiversité, les espèces vivantes… sont particulièrement fragiles ;

. les réserves de pétrole, de gaz naturel, de charbon, et même d'uranium ou de plutonium sont limitées ;

. seule des énergies comme le solaire ou l’éolien pourraient devenir sources intarissables… pour autant que nos industriels et financiers « âpres au gain » se donnent les moyens d’en développer les technologies ; hélas pour nous, les tenants du libéralisme économique à rentabilité immédiate et à deux chiffres, considèrent qu’il n’y a pas urgence à développer ce marché, certainement par manque de perspective de plus-values immédiates…

… et durant ce temps là :

.  les émissions de gaz à effet de serre, les pollutions et le volume des déchets augmentent…

 

La bonne nouvelle ?

C’est que, comme le chantait Michel Jonasz, « …y’a rien qui dure toujours, y’a rien qui soit toujours pareil, même pas le soleil… ». Et de fait, quand une logique sociétale de comportements économiques comme la notre arrive au bout de sa déraison, quand on voit des banquiers franchement capitalistes se tourner vers « l’Etat Providence » pour les aider, au mieux, à réparer leurs bêtises, au pire, à les sauver de la faillite, c’est que quelque chose ne va plus au pays des idéologies économiques ultra-libérales.

Et nous ne trouvons pas ça triste.

 

Une autre bonne nouvelle ?

Si les solutions Bio ne sont pas encore parfaites, au moins représentent-elles un avenir durable et équitable pour les humains et la Terre. Car nous vivons aujourd’hui, non pas une simple « crise de société » mais bel et bien un changement d’époque, avec ses nécessaires mutations à respecter autant dans ses valeurs que dans ses priorités. Et, suivant sa propre logique, cette manière d’envisager l’économie devra bien un jour aller au bout de son raisonnement qui s’appelle : décroissance. Non pas « régression, repli ou même recul », mais bien une « décroissance économique pour l'équité sociale et la soutenabilité écologique » (titre de la première conférence scientifique internationale sur le sujet, qui s'est tenue à Paris les 18 et 19 avril 2008 F. Flipo & F. Schneider (Eds)).

 

Pour nous et bien d’autres acteurs économiques, la réalité socio-économique ne peut plus reposer sur de seuls « indicateurs productivistes ». En percevant le monde différemment, d’un œil Bio, on peut alors facilement mesurer le niveau d’agression écologique et social qui lui est fait. A tel point que, d’une certaine manière, par la pollution galopante et la perte de la biodiversité, la décroissance a déjà commencé ; en adoptant l’esprit Bio, on peut l’envisager et l’accueillir avec convivialité et dans le respect des valeurs humaines, en favorisant une alimentation de proximité, issue d’une ruralité à échelle humaine, basée sur la sagesse de l’expérience et les innovations de l’agriculture Bio, et sur la revitalisation des campagnes et l’humanisation des grandes métropoles… bref, sur un nouveau mode de vie qui privilégie l’humain et le vivant.

 

L’esprit Bio, la vision Bio, c’est tout ce que nous venons de dire et de défendre dans ce livre ; on peut aussi préférer la manière de notre ami Pierre Rahbi qui répète depuis de longues années que dans un monde du « toujours plus pour quelques uns », où plus rien n’a de valeur mais où tout à un prix, la sobriété est libératrice. Car nous ne rêvons pas de PNB (Produit National Brut) mais de sens et d’équité.

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… à suivre (…)

 

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